Celle qui se prenait pour une fontaine

Et dire que j’allais à ce 4ème cours avec plaisir… Je savais que l’approche du coup de poing serait une épreuve. Je le redoutais et je ne m’attendais pas à ce qu’il arrive si tôt. J’en ai inquiété plus d’un, mais aucun jugement. Beaucoup de compassion, mais pas de pitié. Je suis penaude d’avoir tant pleuré, mais tout aussi fière de l’avoir fait. Car c’est exactement ce qu’il était censé se passer.

Tout le monde a apprécié cet exercice. Moi, je ne comprends pas. Même en l’acceptant simplement, ça ne passe pas. Ma conscience refuse d’exécuter l’exercice, même si ma tête le lui demande, même si je refuse de penser et ferme mon esprit. Je suis programmée pour que la douleur soit mienne et jamais transmise par ma main. Et pourtant, c’est pour le bien de l’autre. A sa demande même. C’est sa volonté de progresser, d’évacuer, de ressentir et de lâcher. Mais même en mode « don de soi », impossible de lancer mon poing vers ce ventre, ma main vers ce visage. Tout mon corps se bloque, il ne me répond plus. Quelque chose dans mon inconscient s’éteint, se met sur « Off » sans que je n’ai rien fait. Panne de courant dans mes bras. On ne peut rien contre une panne de courant. On aura beau tout allumer, on restera dans le noir tant que ça ne reviendra pas tout seul.

En me forçant, j’ai répondu à la volonté de l’autre. Dans ma propre souffrance, j’ai frappé. J’ai instinctivement regretté mon geste, malgré toute la bienveillance que je tentais d’y mettre. La bienveillance rime avec douceur pour moi. Même lorsque l’autre a besoin d’être secoué, je ne réponds pas à sa demande finalement. Comment admettre que ce qui fait mal peut faire du bien ? Est-ce que cela signifie que je ne lui donne pas ce dont il a besoin ? J’aime mal alors ?

Et voilà les larmes qui reviennent. Je suis chamboulée, bouleversée. En souffrance. J’ai détesté ce cours. J’ai détesté en souffrir et ne pas l’apprécier, ne pas en jouir, mais le subir.

Est-ce que je suis faite pour ça ? Si tout le monde a aimé, et pas moi, est-ce que j’ai vraiment ma place ? Car je ne peux pas choisir de n’aller qu’aux cours ludiques, je dois aussi accepter les plus pénibles. Je sais que j’y retournerai quand même la semaine prochaine. Je me le dois. Ça fait partie intégrante de ma transformation. Mais j’en ai la peur au ventre d’avance.

Il y a des jours comme ça où avancer me fait mal. Il y a des jours comme ça où j’accepte que les gens en qui j’ai confiance me bousculent. Il y a des jours comme aujourd’hui où je comprends que les coups que j’ai pris dans ma vie se matérialisent dans les exercices.

Merde, je viens de comprendre l’exercice… Il explique concrètement ce que font parfois vos proches. Et tout l’amour qu’ils peuvent mettre dans la violence de certains de leurs propos. Certaines vérités sont dures à comprendre, à intégrer. Il n’y a que celles qui sont transmises avec bienveillance et amour qui ont une chance d’être assimilées. Et je compte maintenant le nombre de fois où j’ai dit, après « coup ». Tu avais raison …

 Les larmes remontent. Mais avec le sourire qui l’accompagne.

2 commentaire sur “Celle qui se prenait pour une fontaine

  1. J’adore ta façon d’analyser et d’exprimer l’évolution que tu as a été amenée à entreprendre, par la force des choses et grâce aux rencontres que tu as fais… tu as bien fait de ne pas sauter du 7ème étage !

    • Les rencontres, au bon endroit, au bon moment, sont essentielles… Il faut juste avoir le coeur assez ouvert pour les accueillir et s’y abandonner. J’ai eu et J’ai encore, cette incroyable chance. Merci pour ton retour! Globizou

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