Celle qui sentait que quelque chose se préparait

Encore un cours fait d’un doux mélange dont Jean Marie a le secret.
Que l’on ait à supporter le poids du corps de l’autre, ou que l’on ait juste à se connecter à lui pour éviter ses « attaques », tout se fond dans une espèce de danse harmonieuse et féerique. Mêlé de sourires, de rires, et de complicité, le cours est passé tout seul.
Je l’aurais entièrement apprécié si je n’avais pas senti, de nouveau, que quelque chose, une émotion ou un souvenir, venait raisonner en moi lorsque « l’attaque » se faisait plus présente.
Si la semaine dernière j’ai été gênée par le contact à plusieurs, des poussées dans un premier temps, puis des poings qui pleuvent sans force ni douleur, j’ai été gênée par la présence ce soir, du couteau.
Bien sur, il ne s’agit que d’un bout de bois, en forme d’arme. Le partenaire doit, comme dans une scène au ralenti, approcher le couteau, tenter de vous toucher doucement, tandis qu’en restant en contact permanent avec lui, en l’effleurant pour rester connecté à lui par une main, une épaule, un doigt, vous semblez danser pour détourner l’objet et sortir de sa trajectoire.
Poser son coude contre celui de l’autre, puis glisser contre lui jusqu’à son dos et tourner à son rythme, dans les pas d’une valse à deux, c’était beau, calme, enivrant et apaisant.

Mais lorsque l’exercice est reproduit « à l’aveugle », rien ne va plus.
J’ai beau essayer de rester en contact avec Paul Etienne et de n’écouter que sa voix rassurante, je sens que je ne suis pas à l’aise.
Je m’arrête, je respire bruyamment, j’ouvre les yeux puis les referme. Allez, fais le vide…

Rien à faire. Pourquoi est-ce que je redoute cette « attaque à main armée », tout en sachant sans aucun doute qu’il n’y a aucune malveillance ?
Pourquoi est-ce que mes pensées s’embrouillent dans un grand trou noir et que ma respiration s’accélère, alors que je sais parfaitement que je ne risque absolument rien ?
Pourquoi est-ce que je sens une légère colère monter lorsque je comprends que je n’arrive pas à lâcher prise ?

De même que la semaine dernière, je sens les larmes monter, comme lorsque les mains et les poings se posaient sur moi, en n’arrivant pas à me concentrer sur l’accueil du toucher.
Je restais focalisée sur le fait de ne pas « mériter » l’assaut de toutes ces mains, de tous ces « gens ». Ils se dématérialisaient, ils n’étaient plus des partenaires ni des amis, ils devenaient, malgré moi, des assaillants.

Bizarre, je n’ai aucun souvenir d’une agression que j’aurais pu enfuir dans mon inconscient.
Je n’ai aucun souvenir d’une situation qui aurait pu me donner l’impression d’être agressée et que ma vie soit en danger.
Aucun souvenir conscient. Aucun fait réel et pourtant une impression étouffante.

Du coup, j’aborde mon temps de parole sous un angle différent. Si chacun parle de son impression de la séance, de ce qu’il a aimé, ou adoré, mon intervention ressemble plus à une confession, comme si je participais à une thérapie de groupe et que je lâchais ce que je suis consciente d’avoir à travailler.

Quelque chose s’est réveillé et ne demande qu’à sortir. Une peur enfouie. Je réalise que j’ai encore des blocages, que j’ai encore le contrôle sur quelques souvenirs, alors que je pensais être bien au dessus de tout ça maintenant.

Ca fait peur, et ça fait du bien en même temps. Car le reconnaitre est aussi quelque chose de nouveau. Et savoir que cela va sortir, peut-être même exploser, n’est pas, n’est plus, quelque chose de terrorisant. Au contraire; je crois qu’aujourd’hui, j’ai hâte de m’en débarrasser.

Je compte beaucoup sur le stage intensif pour découvrir ce que c’est.
Je compte beaucoup sur les participants pour m’aider à l’accepter.

Allez, patience et confiance, plus que quelques jours à attendre …

 

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