Celle qui ne voulait pas y aller

Vendredi.
Journée collée à l’ordi, pour finir les petites créations en cours. J’ai beau etre encore en arrêt maladie, je bosse sur divers petits projets, perso ou amicaux, et j’ai finalement peu de temps pour moi …
J’y suis depuis 2 jours, j’aurais bien besoin de sortir un peu.
Bon, coup de fil aux collègues, je passe prendre un café au bureau, et dans la foulée, j’irais boire un coup avec Jean Marie avant son cours de Systema.
Ensuite, je rentrerai pépère, me prendre un bon bain et me glisser dans mon vieux pyjama, mes boites à ronrons bien calées contre moi, avec une petite bière et un bon film à l’eau de rose. Oh oui, ça me fait bien envie ça !

Je sors donc de la maison, le nez au vent, les mains dans les poches, heureuse d’avoir la liberté de gérer mes journées comme je l’entends.
Quelle chance, quel privilège, j’en ai pleine conscience.

Après une bonne dose de rigolade au bureau, direction Victor Hugo, par Place d’Italie.
C’est dingue, je suis assise sur un strapontin de mon wagon, je regarde défiler les stations, et je réalise que mon angoisse du métro s’est envolée, sans même que je m’en rende compte. Cela fait quelques semaines que je le prends régulièrement, et j’hésite de moins en moins. Il n’y a plus que le RER qui reste pénible. Mais même lui ne me tétanise plus, et je n’ai plus besoin de l’éviter pour me sentir soulagée. Même lui n’est plus qu’un mauvais moment à passer. Mon agoraphobie, comme certaines autres de mes fortes angoisses, s’effacent, s’envolent, simplement.

Le temps passe très vite, comme d’habitude. Jean-Marie doit rejoindre le cours et me propose de venir avec lui.
Non, merci, pas envie. Une fois par semaine, c’est bien suffisant.
Mais il commence à me connaitre par coeur, et il ne met que quelques minutes, quelques secondes pour trouver les arguments qui effacent toutes mes fausses excuses.

Ok, je viens, mais je vais râler et grogner, je te préviens d’avance !

Nous sommes 8. Petit groupe par rapport à celui du mercredi. Moins de la moitié des « visiteurs du mercredi ». A croire que le cours de récré est plus attractif. L’idée que je n’ai pas dégouté les gens de venir ce soir là plutôt qu’un autre, bien au contraire, me plait assez.

Jean Marie m’a promis que le cours allait me plaire. Qu’il serait doux et ludique.
Effectivement, nous commençons par des exercices de respiration. Nous devons, allongés sur le dos, inspirer avec la partie du corps que notre partenaire touche de sa main. Si elle est posée sur notre ventre, il doit se soulever. Si elle est posée sur le haut du torse, idem. Je m’amuse à imaginer l’air entrer et sortir par ce point de pression. Et ça marche ! C’est incroyable. Lorsque la main de Vincent se pose sur mon flanc droit, je sens que mon ventre se bombe en inspirant, et qu’il a tendance à se déformer pour s’allonger vers la droite.
Même exercice sur le ventre. Pareil, la main posée sur le bas de mon dos attire aussitôt mes pensées, mon ressenti, et cette partie de mon corps se soulève instantanément, comme si elle avait capté la chaleur attractive de la paume de Vincent.
Lorsque l’on se connecte à son corps, et à la réception du corps de l’autre et de son intention bienveillante, l’exercice se fait de lui même, c’est surprenant.

Encore ! Encore des comme ça !!! Ah, un autre. Similaire mais différent.
Ah oui, c’est différent parce que ce n’est pas pareil ! … Ok, j’arrête de faire le pitre … ou pas !

Bon, ce cours est pas mal. C’est pas faux.

Dans le groupe, il y a 3 têtes connues, et 4 inconnues. C’est agréable de tourner avec de nouvelles personnes. Des corps différents, des réactions différentes, des pratiques et des habitudes différentes aussi. Très intéressant.
Cela me conforte dans l’idée que faire les 2 stages d’été, celui ou je vais connaitre quelques participants, et celui ou aucune connaissance ne va, sera effectivement une façon de me confronter à 2 univers et à 2 ambiances. Je valide.

On passe aux exercices que nous avons surnommés, Louis et moi, « le bâton et la corde ».
Pour illustrer la magie du Systema, lorsque vos amis vous demandent de leur donner un exemple, proposez leur ce petit jeu : Tenez-vous devant quelqu’un, les pieds bien ancrés au sol. Demandez lui de brandir son poing devant vous, bras plié à l’équerre, comme s’il vous proposait un bras de fer debout, et attrapez son poignet des 2 mains. Vous sentez la tension de son avant bras, comme si vous teniez un bâton. Demandez lui ensuite de lâcher les tensions dans son bras, et de se pencher doucement vers vous. Vous verrez que son bras devient comme une corde, et que vous n’avez plus de point d’accroche, plus de réelle prise, vous êtes alors aussitôt déstabilisé. Il ne reste plus à l’autre qu’à s’avancer doucement vers vous, laisser tomber mollement son bras dans vos mains et mettre tout le reste de son corps en avant, en pivotant légèrement sur sa droite ou sa gauche, pour que vous perdiez l’équilibre sans pouvoir vous rattraper. C’est incroyable.

Le même exercice, au sol. Assis, nous saisissons l’autre qui doit nous faire basculer. Hardos celui là.
Et nous finissons par un exercice de contact pur. Saisir l’autre concrètement, en le serrant fort, sans l’écraser ni l’étouffer, et en l’empêchant, sans trop forcer, de se dégager. Il faut ensuite s’extraire de son étreinte, en gigotant et en relâchant son corps de façon, littéralement, à lui glisser entre les doigts.
Lorsque je fais un essai avec Jean Marie, j’ai beau réussir à relativement bien m’en sortir, je finis la tête coincée entre ses cuisses. J’aperçois son pied nu à portée de ma main. Trop tentant … je lui chatouille la plante, sa jambe se soulève, et je m’extirpe triomphalement ! Oui, j’ai triché, mais m’en fous, on a bien rigolé du coup !

Cercle de parole.
Merci à tous. Je ne voulais pas venir, longue semaine, et je rêvais de rentrer tranquille, peinarde, mais Jean Marie m’a convaincu et, ok, c’est bon, je ne regrette pas, c’était une super séance, merci à tous. Na !

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