Hommage à Mikhaïl Ryabko (1962-2023)

Le 24 avril 2023, Mikhaïl Ryabko nous a quitté.
C’est avec une grande tristesse que j’ai appris la nouvelle. De cet homme hors normes, je garde plusieurs souvenirs:
1/ Sa bonhommie. Très présent, affable,  il était d’une humeur joyeuse constante et inspirait la sympathie.
2/ Son espièglerie. Lorsqu’il mettait son partenaire au sol ou le surprenait par un de ses « tours », Mikhaïl avait toujours ce petit sourire amusé et ces yeux pétillants devant la réaction étonnée et incrédule de son adversaire qui ne comprenait pas ce qui lui était arrivé.
3/ Son toucher. Mes premières années d’entrainement avec Olivier puis Mathieu, mes partenaires d’entrainement de la première heure furent essentiellement consacrées à retrouver la sensation du toucher de Mikhaïl Ryabko que nous avions gouté en Russie. Un toucher doux, présent, précis.
4/ Son coup de poing. Sa frappe m’a fait découvrir les paradoxes du Systema, comment frappe peut rimer avec amour. Son coup de poing était profond, mais il mettait en joie le receveur qui en sortait détendu et étonné du ressenti de bienveillance qui lui était lié.
5/ Sa recherche, sa créativité. Ryabko a été pour moi une source d’inspiration non pour essayer de le copier mais pour essayer de comprendre la manière dont il fonctionnait, dont il percevait le monde, son état intérieur. Jamais besogneux, toujours dans le jeu, l’amusement, la légèreté, le ressenti, le moment présent, l’expérimentation, l’observation.
6/ Mes séjours en Russie avec Manu, Olivier, Mathieu, Gabriel. Quels moments inoubliables! Les fous rires! les banias, le massage au bâton, au fouet, la gestion de la peur, expériences initiatiques et moments d’amitié qui ont changé ma vie à jamais. Sans compter les moments de complicité avec Ryabko qui sont  inénarrables.
Je souhaite à Mikhaïl de trouver la paix auprès de Dieu qu’il priait constamment, son chapelet en tissu toujours entre ses mains, même lors des démonstations.
 

FAQ Formations Massage Russe

Qui encadre et anime la formation de massage russe?
Jean-Marie Frécon, fondateur de Global Systema, pratiquant le Systema et le massage russe depuis 2009.

Puis-je m’inscrire à une formation de massage russe si je n’ai jamais pratiqué le Systema ?
OUI. Certes, la pratique du Systema aide pour la compréhension des principes. Mais cette formation est conçue pour être accessibles à tous, quelque soit votre passé martial (débutant ou avancé), votre niveau de Systema, votre âge (jeune ou vieux) et votre condition physique (sportif accompli ou bureaucrate). 

J’ai subi des opérations, j’ai mal au dos ou j’ai d’autres pathologies. Pourrai-je suivre la formation de massage russe ?
Le mieux est de demander conseil à votre médecin traitant.
En ce qui concerne la formation, n’hésitez pas à prévenir votre partenaire ou à ne pas participer à certains exercices ou à prendre certaines postures qui vous semblent trop inconfortables, trop douloureuses ou dans lesquelles vous vous sentez en danger.

La formule immersive n’est-elle pas trop dense pour moi. Vais-je arriver à suivre ?
OUI. L’emploi du temps est partagé en plusieurs périodes avec  une pause de plusieurs heures après le déjeuner permettant de se reposer, de se balader, de se ressourcer.
De plus, à n’importe quel moment de l’entrainement, vous pouvez arrêter un exercice, vous mettre sur le côté, ou quitter le lieu de l’entrainement le temps dont vous avez besoin.
L’important est d’écouter votre corps et de respecter vos besoins.

Un support écrit sera-t-il fourni à l’issue de la formation?
NON. Le massage russe présente des principes à découvrir, expérimenter et intégrer dans son corps plutôt que des techniques à retenir dans sa tête. 

Un diplôme est-il fourni à l’issue de la formation?
NON. A l’issue de la formation, un certificat de massage russe vous sera remis, mentionnant que vous avez suivi avec succès l’ensemble de la formation de 5 jours de Massage Russe dispensée par Global Systema.

Cette formation est-elle reconnu par l’état?
NON. La législation médicale ne reconnait pas les massages russes au même titre que les massages thaï, californien, coréen, hawaïen, suédois, chinois, etc… Le massage russe est donc considéré comme un massage bien-être. Il se différencie des massages thérapeutiques proposés par les kinésithérapeutes et qui sont considérés comme activité à but thérapeutique encadrée par la loi et pouvant faire l’objet d’une prise en charge par la Sécurité sociale.

Serai-je autonome pour pratiquer le massage russe en sortant de la formation?
OUI. Théoriquement, la formation vous donne tous les outils vous permettant d’être totalement autonome dans le massage russe.
Cependant, comme toute activité, 5 jours sont insuffisants pour maitriser le massage russe. Seul le temps vous permettra d’assimiler les principes du Systema et donc du massage russe. Il vous est donc conseillé de pratiquer le massage russe en tant que donneur et receveur pour mieux assimiler les principes. La pratique parallèle du Systema (lors de cours ou de stages immersifs) vous permettra de rentrer plus facilement dans la compréhension du massage russe.

Pourrais-je pratiquer le massage russe de façon professionnelle?
OUI. Le massage russe rentre dans la catégorie des « massages bien-être ».
Soin non conventionnel non médical, le massage bien-être est un ensemble de techniques manuelles qui ont pour finalité le mieux-être de la personne. S’installer masseur bien-être ou « praticien bien-être » consiste à créer une entreprise de nature libérale.
Le massage bien-être est donc une activité libérale non réglementée qui peut être exercée en tant qu’auto-entrepreneur ; l’URSSAF reconnaît ce type d’activité sous les dénominations « thérapeute en drainage lymphatique » ou encore « technique manuelle de bien-être et de lâcher-prise ».

J’ai déjà participé à une formation de massage russe, y a t’il un intérêt à en refaire une autre supplémentaire?
OUI. Les principes mettent du temps à s’inscrire dans votre corps.
De plus, la formation est vivante et évolutive. L’éventail des exercices proposés est très riche et sans limites. Au cours de la formation, vous serez corrigé dans la finesse de votre toucher.  
Enfin, si vous avez déjà participé à cette formation, vous bénéficierez d’une réduction de 200 € sur le tarif proposé.

La baignade du matin me fait peur. Vais-je y arriver?
OUI. Votre peur est normale. Beaucoup ont cette peur de l’eau froide, surtout ceux qui sont frileux. La préparation, la manière d’y aller, le fait de se sentir accompagné, et l’effet de groupe rendent l’immersion beaucoup plus facile que ce que vous projetez. Je n’ai jamais vu un participant ne pas parvenir à s’immerger dans l’eau froide. De plus, la baignade n’excède pas quelques minutes et comme tout le reste, ce moment est facultatif et reste à l’appréciation de chacun.

Comment s’inscrire à cette formation?
Je clique sur le lien pour m’inscrire en ligne. Il me sera demander de verser un acompte de 150 €. Le reste est à verser sur place.

Comment m’inscrire en ligne si je n’ai pas de carte bleue?
Si vous n’avez pas de CB, vous pouvez faire un virement de 150 € sur le compte Bancaire de Global Systema :
IBAN FR76 3000 3018 6300 0503 0133 790
Pour l’opération, mentionnez nom, prénom, intitulé du stage.
Parallèlement, vous envoyer un mail à jm@globalsystema.fr et vous mentionnez, vos prénom, nom, adresse, téléphone, mail.

Jusqu’à quelle date puis-je m’inscrire?
Le nombre de places restantes est indiqué pour chaque stage. Tant qu’il reste de la place, vous pouvez vous inscrire jusqu’au dernier jour.

Si j’annule ma venue au stage, puis-je me faire rembourser de l’acompte ou reporter mon stage?
NON. Si vous annulez votre participation au stage, il n’est prévu ni remboursement de l’acompte, ni report de stage, quelque soit la raison invoquée (accident grave, problème de travail, annulation d’avion, décès d’un proche,…)
En revanche, si Global Systema annule un stage (ce qui n’est pas encore arrivé), les acomptes versés vous seront entièrement remboursés.

Y a t’il des tarifs couples, chômeur ou étudiant?
NON. Si vous avez des difficultés financières, vous pouvez régler le solde du stage en plusieurs chèques.

La confrontation, la Foi et le combat moderne

Quelle est la plus importante vertu que doit posséder un combattant ?

Vladimir Vasiliev (VV) : le calme et la Foi, reliés l’un à l’autre. Si vous êtes croyant vous êtes calme, sinon vous êtes impatient.

Quel est dans ce cas l’attribut ou la compétence la plus importante pour un combattant ?

VV : si vous avez le bon état d’esprit la compétence viendra. Vous ne pouvez pas vous concentrer uniquement sur la technique, si vous le faite elle sera creuse, incomplète et inutile en application réelle. En revanche, un bon état d’esprit vous donnera de la matière sur laquelle votre compétence pourra se développer naturellement.

Konstantin Komarov (KK) : j’ajouterais l’aptitude à comprendre pourquoi vous faites ce que vous faites, quel est l’objectif ? Vous devez comprendre les principes sous-jacents [du Systema n.d.t] . La véritable compétence c’est de se comprendre soi-même, ensuite les choses s’éclairciront.

VV : c’est très difficile parce qu’un soldat ne doit pas trop réfléchir, il a juste besoin d’agir.

KK : réfléchir est une chose mais se comprendre soi-même en est une autre.

VV : c’est exact. Un soldat doit posséder un niveau de compétence et de compréhension suffisant pour remplir sa mission et revenir vivant. C’est juste ça : protéger le pays et revenir en vie.

Quelles évolutions avez vous notées dans l’entrainement militaire contemporain ?

KK : avant on était plus solidaires, on se battait ensemble. Maintenant les gens sont plus éloignés les uns des autres et cela devient difficile. Avant les gens étaient plus attachés à leur patrie. On ne peut pas se battre pour de l’argent, seulement pour une idée. Si c’est pour de l’argent vous n’irez pas jusqu’au bout, vous ne serez pas prêt à mourir (qui va profiter de tout cet argent sinon ?).

KK : Maintenant les choses sont également différentes à cause des avancées technologiques. Avant les choses se passaient plus en face à face maintenant tout s’éloigne. Vous tirez et vous voyez à peine votre cible. Avant, s’il y avait quelque chose de pourri chez un de vos compagnons d’armes vous pouviez le voir au cours du combat. Avec la technologie il peut continuer à vivre en restant corrompu beaucoup plus longtemps.

Avez-vous toujours aimé les arts de combats ou les avez découvert au cours de votre entrainement ?

KK : J’ai aimé ça dés l’enfance

VV : J’ai aimé ça tout ma vie, c’est vraiment une vocation !

Quelle différence majeure voyez-vous entre les méthodes de combat militaires et les arts martiaux destinés aux civils ?

VV : Il n’y a pas de comparaison possible, ils ne sont pas sur le même plan.

KK : dans un contexte militaire vous devez accomplir votre tâche en utilisant le moins de temps et de moyens possibles alors que dans un cadre civil c’est tout un processus… C’est très long.

VV : dans l’armée vous apprenez à tuer. Toute l’idée c’est de tuer. Pas de « se battre » , c’est différent. Les unités des Forces Spéciales poussent cette éducation plus loin. Même au sein de ces unités les gens arrivent avec un bagage en boxe, en grappling ou en lutte et ils l’utilisent. Mais donner à un soldat l’idée de se « battre » est une erreur. Une grosse erreur. Il ne peut pas se battre. C’est impossible. S’il se « bat » cela signifie qu’il n’est pas prêt. S’il n’est pas prêt il ne survivra pas.

KK : parfois les Spetsnaz utilisent les deux afin de faire face à des objectifs variés comme dans les cas où des unités spéciales doivent capturer un adversaire vivant dans un objectif précis.

Plus spécifiquement, à quel moment attends-t-on d’un soldat qu’il développe son propre style de combat ?

KK : quand le besoin s’en fait sentir. Dans un premier temps demandez-vous pourquoi vous avez besoin d’une armée. Ce n’est pas pour défendre la mère Patrie mais pour amener des jeunes à maturité. Pour qu’ils cessent d’être infantiles et deviennent mâtures. Il faut bien comprendre ça sinon vous aurez une vision distordue des objectifs de l’entrainement militaire. Le combat à mains nues n’est pas là pour résoudre des problèmes mais pour faire d’un individu un être à part entière. Pour qu’un homme devienne un homme. C’est un défi plus complet et global que de mettre une volée à quelqu’un.

Idéalement ils devraient donc travailler à s’améliorer et à se développer dés le départ… Mais je pensais surtout aux méthodes de combat que nous essayons d’inculquer au soldat du rang. Vous avez dit avant qu’une fois arrivé à un certain niveau il faut dépasser les bases et commencer le travail avancé.

KK : en Russie, la structure même de l’armée rendait cela inutile, il s’agissait avant tout d’éduquer les gens. L’armée n’est qu’une excuse pour faire passer des hommes par un entraînement « viril ». Bien sûr vous apprenez certaines choses et devenez plus capable de défendre la patrie. Mais c’est secondaire. C’est seulement lorsqu’un homme à mûri qu’il peut développer son propre style et ses techniques.

A quel point la foi est-elle importante pour un combattant ?

VV : c’est la fondation.

KK : en cas de coup dur vous devez avoir la Foi et il y a plusieurs niveaux de Foi. La plus élevée, celle en Dieu, ensuite celle dans votre pays ensuite peut-être celle dans votre officier… C’est différent pour tout le monde mais vous devez l’avoir.

VV : la Foi est un point fondamental, originel. Parfois on peut la perdre comme en Russie au temps du communisme. Mais il y avait quelque chose qui connectait les gens même ceux qui n’étaient pas croyants. Ils avaient quand même cette connexion parce qu’ils étaient près à mourir pour leur patrie ou leurs proches. Et c’est très proche, cela connecte à Dieu.

Qu’est-ce qui rend le Systema unique par rapport au Combat Sambo (par exemple) ou à d’autres méthodes de combat dans le monde ?

KK : Tous les autres arts martiaux ont un objectif spécifique : obtenir la victoire dans une compétition ou bien acquérir une technique ou un niveau de compétence. Le Systema est très large : à partir du Systema vous pouvez vous dirigez vers n’importe quel art martial. Vous êtes au sommet de la colline et vous pouvez descendre dans n’importe quelle direction. Mais notez bien que je parle d’un processus de « descente » dans ce cas.

VV : il est difficile pour les gens d’accepter ou de comprendre le Systema. Cela est dû au fait que l’essentiel du travail se fait sur vous et la plupart des gens n’aiment pas ça car cela les obligent à faire face à leur paresse et leur orgueil entre autres choses.

KK : le Systema est avant tout une victoire sur soi-même. Lorsque vous vous êtes dépassé vous pouvez affronter d’autres personnes.

Le Systema insiste énormément sur la respiration, pourquoi est-ce si important ?

KK : parce que les processus internes du corps ne peuvent être contrôlé d’aucune autre manière. Nous ne pouvons pas contrôler de manière consciente nos organes internes. Il n’y a pas d’autres clés qui mène à notre subconscient et notre système nerveux en dehors de notre respiration. Et si vous ne pouvez pas contrôler votre système nerveux vous ne pouvez pas travailler efficacement.

Une dernière question, comment voyez-vous l’avenir du Systema ?

VV : nous créons un nouveau site web et  de nouvelles opportunités d’entraînement et nous avons déménagé dans une nouvelle salle. Plus largement le Systema devrait être supporté par des gens solides. Malheureusement il y en a peu. Des personnes faibles divisent le Systema petit à petit. Si des personnes solides pouvaient le soutenir, ce serait l’idéal.

KK : Il y a le Systema tel qu’on aimerait le voir et le Systema là où il sera. Le Systema porte en lui les bases fondamentales de toute préparation athlétique et c’est là que l’on aimerait le voir. Le Systema a également un gros potentiel pour travailler avec les jeunes, particulièrement avec ceux qui sont en difficulté. Je travaille avec des groupes de ce genre depuis un moment. Le Systema a également a un énorme potentiel pour aider les gens à gérer le stress de la vie ordinaire. Le Systema peut vraiment aider une personne à faire face aux problèmes de la vie courante car il rend les personnes calmes , capable de penser clairement et de voir les choses avec clarté. C’est là qu’est le défi, cela nous ramène à ce que Vladimir disait à propos des gens solides, tout le monde n’est pas prêt à faire ce sacrifice, de l’accepter et de travailler sur soi-même. Cela fait beaucoup à assimiler. Nous en sommes là : travailler à partir d’une situation idéale et faire face à la réalité.

Une interview de Vladimir Vasiliev et Konstantin Komarov réalisée par Brandon Sommerfeld et Kwan Lee (2011)
Traduit par Alexandre Jeannette

Le massage russe

À l’origine, la vie est équilibre, mouvement et harmonie. Comme un cœur qui pulse, ce battement est alternance de contractions et de relâchements. L’énergie de vie circule librement dans tout notre être.
Mais la vie n’est pas un long fleuve tranquille et les obstacles surviennent: hérédité, blessures physiques et relationnelles, émotions non exprimées (surtout dans l’enfance), rancunes, haine, sentiments refoulés,…
Pour tenter de mettre à l’écart la souffrance, on se barricade. Les tensions deviennent les fermetures d’un cœur qui a peur.
Nos barrages internes se matérialisent sous formes de tensions physiques.
Certaines zones se figent, comme des portes claquemurées d’un château. Elles se ferment à la circulation, s’écartent de la respiration, fuient la vie.
Notre réseau relationnel encombré, les échanges entre les organes se dégradent; la communication endommagée, l’entente se détériore.
L’énergie n’afflue plus sans obstacles, elle se bloque, stagne.
Nous nous habituons à fonctionner ainsi, cloisonnés, à n’y plus faire attention, n’en percevant que les symptômes. Chacun en vit les limitations suivant ses propres faiblesses : maux de ventre, ulcères, sinusites, calvitie, myopie, limitation de la mobilité, douleurs lombaires,…

Le massage russe est un massage musculaire profond, chemin parmi d’autres pour révéler et dénouer ces tensions.
Afin de réhabiliter les zones ankylosées, le masseur utilise différents outils (piétinement, bercement harmonique, fouet, bâton long, bâtons courts,…), assouplît, pétrit le corps pour que l’énergie puisse oxygéner, sillonner toute la matière, de façon plus fluide.
Moins notre corps subit de contraintes, plus il peut déployer ses capacités de régénération.

Dans le massage russe, la douleur est notre alliée. Sans elle, comment pourrions-nous savoir où notre corps a concentré les toxines ?
En appuyant progressivement sur les tensions musculaires et en y restant, le masseur les met en lumière, les fait émerger à la conscience. Ainsi débusquées, identifiées, elles peuvent commencer à se disperser.
En première réaction, c’est la révolte. Aussi incroyable que cela puisse paraître, nous tenons à nos résistances, nous vivons avec, elles nous sommes familières, connues. Le corps alors se raidit, comme si le fait de se crisper allait arrêter la douleur.
Si celle-ci se prolonge, le corps apprend que seule la détente lui permet de supporter cette douleur, de relâcher la pression, de la faire circuler. Comme dans une forêt vierge, la personne massée trouve alors le chemin étroit qui lui permet de traverser l’intensité douloureuse et de la dissiper.
Et ce, grâce à un outil « magique » : la RESPIRATION.
Plus la respiration se fait, plus les tensions se défont.
Moins le corps se défend, plus le coeur se détend.

Le massage russe est avant tout un  massage relationnel. C’est dans la relation masseur/massé qu’il prend sa source et non dans les techniques.
Par sa justesse, son savoir-être, le masseur va générer la confiance chez la personne qu’il masse pour lui permettre de lâcher ses tensions. Sans cette confiance, le massé ne pourra se relâcher.
De même, les tensions du masseur se retrouvent dans le massage qu’il donne. Celui-ci doit alors travailler sans cesse à relâcher ses propres tensions pour ouvrir son cœur, grandir dans l’écoute, oser s’offrir. De plus en plus juste dans son massage, il sait reconnaître la limite du massé, ses propres limites, le seuil de douleur à ne pas dépasser. Il  devient plus libre et plus équilibré.
C’est dans le cercle vertueux de cette confiance grandissante et réciproque que grandit à son tour la confiance chez le massé.
Le massage russe devient alors un acte spirituel. Un acte de guérison mutuelle qui dépend davantage de l’aptitude du don de soi, de l’amour de son prochain que de n’importe quelle technique.

Éloge d’un art martial profondément chrétien

Aimer ses ennemis ? Plus facile à dire qu’à faire ! Surtout quand l’ennemi en question est occupé à vous rouer consciencieusement de coups.»

Dans  ces cas-là, concrètement, on fait quoi? Souvent, la réponse est évanescente car comme on ne sait pas quoi faire, on ne sait pas quoi dire. Dans ce genre de situation, la plupart du temps, on fait ce que l’on peut. Il existe pourtant une réponse concrète.
 » Ah, oui! Et on fait quoi dans ces cas là?
– Du Systema.
– Du quoi ?! « 

Qu’est-ce que le Systema ?
Le systema (ou « système » en russe) est un art martial inventé par des militaires russes – donc a priori pas des poètes ! – mais qui repose pourtant sur l’économie des mouvements et la décontraction au cœur même de l’affrontement. À ce titre, il présente des similitudes surprenante avec des arts martiaux peu prisés – voire méprisés – par les spécialistes des métiers de la sécurité comme l’aïkido, le tai chi chuan et, plus largement, la famille des arts martiaux dits « internes ».

Tout repose en fait sur l’apprentissage et le contrôle de la respiration. C’est elle qui doit permettre de dissiper la douleur, de porter les coups, d’échapper à « l’effet tunnel » pour rester pleinement conscient de son environnement et demeurer dans de bonnes dispositions psychologique et physiologique pour ne pas subir. Le systema ne cherche pas à contrôler le déroulement chaotique du combat mais plutôt à surfer sur les énergies qui s’y déploient de manière anarchique, à la l’image d’un planeur ou d’un dirigeable qui accroche les courants ascendants et joue avec eux pour aller où il veut. La bonne utilisation de la respiration et la préférence accordée à l’esquive plutôt qu’au choc frontal ne constituent pas en elles-mêmes des nouveautés. Rien de nouveau sous le soleil des arts martiaux. Rien qui distingue le systema des autres arts orientaux. De fait l’originalité du systema n’est pas là.

La vraie différence c’est que, contrairement aux autres arts martiaux, on n’yapprend à peu près aucune technique : c’est ça qui en fait l’intérêt ! On n’y apprend aucune technique spécifique mais des principes liés au combat qui développent notre capacité d’improvisation en toutes circonstances. Les coups portés y sont relativement libres et il n’existe pas de postures, ni d’enchaînements prédéfinis. Seule la vitesse de l’exercice varie en fonction du niveau des combattants, ce qui permet de décomposer des attaques réelles et, petit à petit, d’augmenter la vitesse d’exécution.

Faire la vérité sur soi-même pour se (re)connecter à la réalité
Dans la plupart des arts martiaux, on cherche à éviter les coups en les esquivant et en les bloquant. Partant du principe qu’il y a plus de joie à donner qu’à recevoir, on cherche à donner des coups et non à en recevoir. En revanche on n’y enseigne rarement comment gérer les coups que l’on reçoit. Une des approches est de supporter la douleur, d’endurcir délibérément son corps et d’en renforcer certaines parties comme en boxe thaïlandaise ou en karaté kyokushinkaï. Mais outre que ces pratiques sont destructricess elles sont également et peut-être surtout illusoires : elles ne protègent que contre les coups que l’on a anticipés. Ce sont des cuirasses de chair et d’os martyrisés qui ne protègent qu’une partie du corps. C’est le mythe de l’élixir d’invincibilité. Or, la réalité c’est que nous sommes tous vulnérables et que l’élixir d’invincibilité n’existe pas.

C’est poutant sur ce mythe implicite que bien des écoles d’arts martiaux prospèrent. En un sens c’est assez compréhensible : tout être humain normalement constitué a peur des coups et ressent un mélange de colère et d’humiliation lorsqu’il en reçoit ! Pourtant prétendre pouvoir y échapper n’est une illusion qui vise à masquer notre propre peur, un mensonge que nous nous racontons pour nous rassurer. La réalité est beaucoup plus prosaïque. La triste réalité c’est que même le meilleur combattant au monde reçoit des coups lorsqu’il combat. Personne n’est capable d’éviter tous les coups, surtout lorsqu’il est attaqué par plusieurs agresseurs. Certes Bruce Lee était un génie des arts martiaux et les combats qu’il tournait dans ses films sont aujourd’hui encore inégalés mais il s’agissait de combats chorégraphiés et mis en scène, comme il se doit au cinéma, et non de combats réels ! Or, la plupart des arts martiaux font l’impasse sur cette réalité

Le propre du systema c’est de commencer, paradoxalement, par apprendre à recevoir des coups. L’idée est de partir de la réalité et la réalité c’est qu’apprivoiser la douleur et la peur de la douleur est la clef de tout. Il ne s’agit pas de rechercher à s’endurcir les membres, d’apprendre à encaisser passivement et stoïquement ou de repousser toujours plus loin les limites de la douleur. Il s’agit ni de la rechercher ni de la fuir mais d’apprendre à l’accueillir et à la racompagner gentillement vers la sortie.

Pour cela, il faut commencer par consentir à regarder la réalité en face et donc à se regarder soi-même en face. Il faut prendre conscience de l’existence de ces blocages psychologiques car ce sont eux qui sont à l’origine des blocages physiques et des raideurs qui nous rendent encore plus vulnérables en situation d’agression.

Apprivoiser la douleur et la peur de la douleur
La seule solution pour ne pas être tétanisé par la peur de recevoir des coups et pour en amortir la puissance c’est d’apprendre à respirer en permanence y compris et surtout au coeur de l’action. Dans le tourbillon infernal où la peur entraîne la tension qui, à son tour renforce la peur, c’est la respiration qui vient rompre le cercle vicieux. La respiration est en effet la ressource physique la plus utile et la plus facile à mobiliser.

C’est pour cela que le systema comporte énormément d’exercices de réception de coups par la respiration. Il ne s’agit pas de s’aguerrir c’est-à-dire de conditionner son corps et son esprit à affronter les horreurs de la guerre mais d’accueillir les coups en les absorbant dans un mouvement circulaire pour les faire ressortir en expirant. La respiration permet d’accueillir la violence du coup et l’expiration permet d’expulser la douleur. L’alternance des deux permet d’évacuer au sens littéral du terme les émotions comme la peur, la colère et l’auto-apitoiement.

J’en ai personnellement fait l’expérience. C’était à l’occasion d’un exercice de trois minutes consistant à respirer calmement tout en absorbant des coups. J’avais peur avant de commencer mais ce que j’ai expérimenté c’est qu’en me concentrant exclusivement sur la régularité de ma respiration la douleur ne restait pas : elle repartait. Cause ou corollaire, mon esprit était trop occupé pour que mon imagination puisse anticiper les coups ou conserver en mémoire la trace de la douleur une fois celle-ci éliminée. J’ai pu ainsi vérifier par moi-même que l’imagination crée la peur, que la peur engendre la raideur et que la raideur amplifie tellement la violence de l’impact qu’en un sens elle crée la douleur. La peur crée la douleur dans la mesure où elle transforme en douleur ce qui n’était au début qu’un flux d’énergie inattendu.

Cette prise de conscience n’est pourtant que celle d’un débutant. Je suis encore incapable de conserver cette attitude intérieure en toute cicrconstance, notamment en cas d’agression mais désormais je sais d’expérience que c’est possible. Mieux ! Au terme de ces trois minutes mon corps portait des marques mais j’éprouvais un état de bien-être incongru et inattendu comme si je sortais d’une séance de massage.

Or, c’est là une autre expérience fondamentale que l’on fait en systema : avec la bonne disposition intérieure, la frontière séparant la douleur du plaisir se brouille. On découvre ce paradoxe étonnant qu’il existe des coups « bienveillants » qui relaxent au lieu de créer des tensions . C’est le principe des massages russes que l’on pratique en systema. Certains coups sont donnés pour supprimer ou réduire ces tensions. Ces coups, très spécifiques, réchauffent la personne qui les reçoit, augmente sa circulation sanguine, lui procure une sensation de chaleur et fait disparaître ses tensions.

Le systema ne consiste pas seulement à opposer la souplesse à la force comme en judo ou en aïkido, mais à être libre dans son corps et dans sa tête pour pouvoir s’adapter en temps réel à une situation inattendue, imprévisible et mouvante. C’est pour cela que le systema ne prétend enseigner aucune technique car, comme toute boîte à outils, n’importe quel éventail de techniques répertoriées est nécessairement limité. Il ne contient qu’un nombre fini de solutions alors que la variété des problèmes potentiels est infinie. En se dotant d’un arsenal technique on s’impose un cadre technique c’est-à-dire qu’on s’enferme et qu’on s’enferre dans un cadre en-dehors duquel on se retrouvera très démuni en cas de situation non conforme surtout si l’on est pris par surprise et paralysé par le stress.

Or, la vie et les événements sont par nature non conformes à ce que l’on pouvait envisager. Comme le disait John Lennon : « La vie c’est ce qui se passe quand on avait tout prévu ». Think out of the box est un excellent conseil mais la probabilité d’y parvenir est très faible quand la lucidité est troublée et la capacité d’initiative est entravée. Le systema cherche au contraire à nous mettre dans les meilleures dispositions possibles pour pouvoir improviser à partir de la réalité concrète qui s’impose à nous.

Libéré de la peur
C’est en effet, à condition d’être décontracté – et par définition on ne l’est pas quand on se fait agresser – que l’on peut réagir car, paradoxalement, c’est l’agresseur lui-même qui apporte la solution à son attaque. À l’inverse, toute projection, toute anticipation, toute prévision nous font quitter le moment présent. Le cerveau analytique reprend le contrôle mais, comme il est débordé, il nous prive de toute capacité d’improvisation. La pensée analytique se base sur des expériences déjà connues et en tire des conclusions standardisées qui bloquent la créativité.

La solution réside dans la réceptivité qui permet de percevoir le jeu des forces en présence : celles de notre corps mais surtout celles du corps de notre agresseur, ses zones de blocage et ses déséquilibres. Cette réciptivité ne se confond pas avec la passivité. On ne subit pas les événements, on prend au contraire l’initiative en se déplaçant préventivement – sans chercher à prendre le large pour autant – et toujours en respirant avec régularité afin de conserver les muscles et le cerveau ventilés. Ce n’est qu’à ces conditions et avec de l’entraînement – car pour faire preuve d’une telle réceptivité sur le moment, il faut l’avoir développée auparavant – que la solution à l’agression viendra naturellement..

C’est parce qu’une agression – au même titre que n’importe quelle catastrophe ou crise systémique – est imprévisible que le systema ne propose pas d’entraînement fixe ou de combinaisons de mouvements. Le systema n’enseigne pas de positions de combat mais apprend à se battre dans toutes les positions, vous autorise à frapper dans des angles étranges, à sourire au combat au lieu d’adopter un visage féroce et crispé.

La pédagogie des entraînements repose entièrement sur la respiration, la décontraction, sur le fait de ralentir les mouvements plutôt que de les accélérer car la lenteur est capitale pour progresser. C’est seulement en rentrant dans le flux du combat à vitesse lente que l’on peut éveiller la sensibilité et la conscience à ce qui se passe vraiment au moment de l’affrontement. C’est seulement la lenteur qui permet de percevoir le mouvement, la distance et les différentes options autrement que par les yeux. L’enjeu est de développer l’intelligence de situation – c’est-à-dire l’intuition – plutôt que rechercher la performance immédiate. Cela se manifeste par un entraînement, un travail effectué à vitesse réduite.

C’est une forme de lâcher prise qui ne prétend pas faire systématiquement l’économie la douleur mais qui en réduit considérablement les conséquences : l’intensité et la portée. C’est une manière d’accueillir la douleur pour mieux l’expulser. Apprendre à gérer la douleur et à ne plus avoir peur à de l’idée d’avoir mal permet de préserver son intégrité émotionnelle et son estime de soi, en cas de défaite comme en cas de victoire.

La progression en systema dépend directement celle de notre liberté intérieure. En systema on progresse à mesure que se développent la capacité à comprendre et à prendre des décisions rapidement. Pour cela il faut commencer par se débarrasser du stress et des tensions excessives et se sentir à l’aise et donc apprendre à respirer correctement. Pour y parvenir il faut préalablement s’être libéré de tous les obstacles qui nous empêchent de trouver le lien avec votre partenaire : nos peurs, nos doutes, nos tensions, nos certitudes, nos jugements, notre ego, nos comparaisons, notre désir de vouloir bien faire ou notre volonté de gagner.

Or, cette liberté intérieure passe au préalable par la conversion du cœur.

De la conversion du coeur à la connexion avec l’agresseur
Pour acquérir cette liberté intérieure il faut cesser de considérer le coup comme une agression – ce qu’il est pourtant objectivement – et le regarder comme un transfert d’énergie qui nous est parvenu par erreur: à réceptionner et à rendre à l’envoyeur ! Cela signifie que l’attaquant doit repartir avec ce qu’il nous a donné, à l’image d’une balle de caoutchouc lancée à pleine force contre un mur solide et qui rebondit immédiatement vers le lanceur sans que celui-ci puisse l’éviter. De manière comparable notre corps peut renvoyer l’énergie à condition de la laisser circuler et revenir sur l’assaillant selon des modalités – des vecteurs de force ! – qu’il lui sera très difficile voire impossible à éviter.

Mais pour parvenir à cela il faut au préalable changer sa disposition intérieure, changer le regard que l’on porte sur soi-même et sur les autres c’est-à-dire convertir son coeur.

En effet la peur produit la rigidité, la confiance engendre la fluidité. Souvent, des personnes ivres sortent relativement indemnes de bagarres parce qu’ielles n’auront pas eu suffisamment peur pour s’endommager elles-mêmes en luttant contre l’énergie cinétique : des côtes flexibles absorberont l’impact des coups alors que si les muscles sont tendus, les côtes se briseront sous le choc avec une perforation potentielle du poumon.

La vérité, c’est que souvent nous nous blessons nous-mêmes en voulant tout maîtriser de manière volontariste et illusoire au lieu de tirer avantage des forces en présence. La même vague qui renverse le plaisancier et le noie, permet au surfeur d’avancer avec un minimum d’efforts et un maximum de détente et d’énergie.Un corps souple peut absorber un stress beaucoup plus important qu’un corps rendu rigide par la peur. Nous récoltons ce que nous semons et si nous semons la peur, nous récolterons la douleur.

Pour cela il faut commencer par renoncer à voir le monde en termes de victoires et de défaites mais comme une circulation de flux d’énergies, souvent mal orientées. Renoncer à voir le monde en termes de performance pour le voir en termes de relations.

Le but est de parvenir à considérer une agression physique exactement comme on considère un accident de la circulation. On va tout faire pour l’éviter, pour l’anticiper, pour donner un bon coup de volant au bon moment et pour freiner à temps. On ne subira pas, on prendra des initiatives parce qu’on aura développé l’intelligence de ce genre de situations – du moins le permis de conduire est censé l’attester – et on cherchera à jouer sur les différentes forces en présence comme on joue de son levier de vitesses mais jamais on ne prendra un accident comme un affront personnel, une remise en cause de sa valeur, une atteinte à sa dignité ou à son ego.

Si défaite il doit y avoir elle ne sera pas synonyme d’humiliation. La soumission et la fuite entraînant nécessairement une dégradation de l’estime de soi on y aura échappé parce que, quel que soit le résultat, on n’aura pas subi, on n’aura pas été paralysé par la peur ou la douleur. Même physiquement perdant on en ressortira émotionnellement gagnant car on aura échappé au piège de la rivalité mimétique, pour reprendre l’expression de René Girard.

On n’aura pas considéré l’affrontement comme une compétition, comme un match, comme une défaite et, pour cette raison même, on ne sombrera pas dans l’épuisement, l’auto-dénigrement ou les souvenirs traumatisants. Parce qu’on aura préalablement renoncé à la logique de l’honneur et de la performance. Et en cas de victoire on aura préservé son intégrité physique mais surtout émotionnelle parce qu’on n’aura pas cherché à puiser sa force et son énergie dans la peur et dans la colère.

La logique du systema est une logique chrétienne
Pour faire du systema, il n’est évidemment pas nécessaire de croire en Dieu ni même de croire que Dieu a envoyé son Fils pour le rachat de nos péchés, qu’il est mort et qu’il est ressuscité le troisième jour conformément aux écritures. Aucun certificat de baptême n’est demandé à l’inscription !

Néanmoins si l’on veut bien admettre que la foi chrétienne n’est pas d’abord une série de dogmes ou un jeu de l’oie des sacrements (“Moi je suis allé jusqu’à la confirmation”) mais un mouvement de conversion du coeur et un pélerinage terrestre au cours duquel nous nous transformons progressivement pour être en mesure de rencontre cet Autre qui nous attend au bout du chemin alors je crois que l’on peut tranquillement affirmer que la logique du systema est une logique profondément chrétienne.

Si son pays de naissance est la Russie, pays orthodoxe par excellence, et non un pays asiatique de culture bouddhiste ce n’est pas un hasard. Certes que le systema repose sur le souffle, le renoncement à la volonté de puissance, à l’illusion que l’on peut échapper à la souffrance et à l’orgueil. Il y a pas ni grade ni tenue spécifique ce qui permet de laisser l’ego au vestiaire. Néanmoins le propre du systema c’est le principe de connexion ou l’option de ne pas rompre la relation avec autrui sous prétexte qu’il nous agresse. Le principe de connexion c’est la charité en action.

C’est une sorte d’oscillement intérieur qui permet d’être en vibration avec son assaillant. Un oscillement qu’on obtient en s’étant préalablement affranchi de la peur, de la peur de la douleur et et de la peur de perdre la face (le déshonneur). Ce n’est qu’à ce prix et qu’on peut entrer en connexion avec autrui. Dès lors on devient son ombre et on coordonne ses mouvements avec les siens de sorte que l’on forme avec lui un duo au sein duquel chaque flux d’énergie est rendu à celui qui l’a envoyée par des mouvements fluides et harmonieux. Aucune situation ne met plus dans l’embarras. On n’est plus surpris, on est simplement au bon endroit, au bon moment. Les coups que l’on délivre sont lourds, profonds et détendus, les poings se posent naturellement sur les zones de tension de l’aversaire.

Entrer en connexion suppose néanmoins de lâcher prise, de laisser à l’autre l’initiative – au risque de se laisser surprendre par lui. Cela suppose de lui accorder son attention pour mieux comprendre son intention et s’affranchir des distances de sécurité pour être en sa présence. Un peu comme on dit qu’il faut être proche de ses alliés et encore plus proches de ses adversaires.

C’est une manière de regarder le monde avec bienveillance qui repose sur la confiance : on ne projette plus nos propres peurs sur le monde extérieur. Ce n’est pas de la naïveté pour autant. C’est même le contraire de la naïveté puisque c’est une manière d’être dans le monde, en l’acceptant tel qu’il est – et il est violent – sans approuver cette violence pour autant. C’est une manière de se réconcilier avec le monde et de l’aimer sans le cautionner ni le juger. Entrer en connexion c’est accepter de courir le risque de la relation même avec quelqu’un qui, a priori, ne vous veut pas du bien.

Mais au fond n’est-ce pas cela aimer même ses ennemis ?

Nota Bene : Tous ceux qui seraient curieux ou sceptiques – et plus vraisemblablement les deux à la fois – peuvent en savoir et surtout en voir en regardant des vidéos. Néanmoins les démonstrations de systema qu’on peut voir sur Internet laissent souvent dubitatifs parce que ce qui s’y passe est largement invisible à l’œil ce qui, au fond, n’a rien d’étonnant si l’on admet que l’essentiel est invisible pour les yeux. Il s’agit d’interactions qui passent par de nombreux signaux sensoriels qui échappent au regard extérieur. Comme pour la vie intérieure, il s’agit d’abord d’une expérience à faire. Je ne saurais trop recommander de faire un cours à l’essai, gratuit et sans engagement, pour se faire sa propre idée. Comme disait un célèbre un rabbin palestinien : « Venez et voyez ».

Comment mesurer ses progrès au Systema

Je souhaitais partager avec vous la réponse donnée par Vladimir Vasiliev à une question ainsi que mes propres réflexions à ce propos.

Voici la question posée : « Sans ceintures ni compétitions, comment peut-on mesurer nos progrès au Systema ? »

Le Systema propose une approche très large et complète. Comme son nom même l’évoque, c’est une approche systémique du « Connais-toi toi-même ! ».
La réponse de Vladimir fut vraiment éclairante pour moi:

« Il y a plusieurs façons de mesurer vos progrès au Systema.
Vous remarquez progressivement que vous êtes plus détendu dans de nombreuses situations et vous notez que votre état d’esprit est plus positif.
Sur le plan physique, vos mouvements deviennent peu à peu plus libres. Les pratiquants de Systema de plus de 50 ans disent souvent qu’ils ont une meilleure mobilité à leur âge que lorsqu’ils avaient la vingtaine. Pas seulement du fait qu’ils sont en meilleure condition physique, mais parce que leur compréhension du mouvement a progressé.
Enfin, vous commencez à appréhender la manière optimale dont le corps doit fonctionner :
– Vos mouvements prennent leur source à partir d’un état détendu, sans entraver son propre chemin. Vous vous déplacez avec légèreté et douceur même si vous êtes blessé.
– Vous devenez plus intuitif et plus sensible. Lorsque vous écoutez de la musique par exemple, vous savez vous détendre et laisser le son se répandre dans votre corps.
– Vous écoutez et communiquez différemment. Lorsque vous discutez avec quelqu’un, vous sentez quelle est la bonne attitude à adopter pour qu’il accueille au mieux votre propos. Vous ne cherchez pius à le dominer mais vous communiquez réellement. »

La beauté du Systema, c’est que vous pouvez à la fois mesurer vos progrès et poursuivre votre entraînement quotidiennement dans quasiment  n’importe quelle situation :
– dans vos interactions avec les autres,
– en marchant, en vous asseyant, en vous levant,
– lorsque vous êtes surpris,
– lorsque vous êtes blessé,
– lorsque vous avez à faire quelque chose que vous n’avez pas envie de faire,
– lorsque vous êtes stressé ou en proie à vos émotions.

Dans toutes ces situations, le Systema développe vos perceptions et votre sensibilité ; il vous propose des outils pour améliorer votre comportement.

Yasmine nous quitte…

Le 5 nov 2018, au cours du stage intensif d’automne, Yasmine Tessier nous a quitté, victime d’une rupture d’anévrisme.  
Pour ceux qui ne la connaissaient pas, Yasmine était responsable de l’accueil, de la communication de Global Systema. Elle en était devenue le coeur et l’inspiration par sa douceur, sa sensibilité, sa disponibilité, son écoute sans jugement, son sourire, son regard, son tact, sa joie de vivre, son rire, ses câlins, son charisme, sa présence.
Si j’ai beaucoup de gratitude pour la Vie de m’avoir permis de croiser sa route, sa disparition représente pour moi une immense perte et laisse un grand vide dans mon coeur et dans ma vie. Yasmine était celle qui me connectait à mon coeur, celle auprès de qui je me ressourçais, celle avec qui j’aimais partager mon quotidien dans la simplicité et la liberté, celle qui m’ a appris à ouvrir mon cœur et à l’écouter, celle qui m’a appris à aimer et être aimé de façon plus libre et plus juste.
Il nous faut maintenant apprivoiser son absence.

Je souhaiterais lui rendre un dernier hommage à travers:
1/ la lettre de motivation qu’elle m’avait écrite pour devenir instructeure au sein de Global Systema où elle écrit tout ce que le Systema lui a apporté et représente pour elle.
2/ un texte réalisé en regroupant et compilant les sms qu’elle m’a écrit les 18 derniers mois.
3/ quelques mots sur l’accueil de cette nouvelle bouleversante
3/ une compilation de mots reçus de la part de ceux et celles qui avaient croisé sa route.

1/ LE SYSTEMA, VU PAR YASMINE

J’aimerais pouvoir dire ce que le Systema m’a apporté, depuis les 6 mois que je le pratique.
Tout d’abord et avant tout, il m’a redonné l’espoir.
Lorsque je suis venue au stage de Jard en juillet 2016, cela faisait déjà plusieurs années que je cherchais à rallumer cette petite lumière qui s’était éteinte en moi. Après avoir essayé un nombre incalculable de méthodes, de pratiques et de traitements, je me suis enfin décidée à venir assister à un stage.
Et la magie a opéré… J’ai redécouvert le monde que je croyais perdu de l’humanité.

Et depuis ce jour, mon cœur n’en finit plus de s’ouvrir, et la joie, l’amour et l’acceptation y prennent leur place chaque jour un peu plus. Je me redécouvre et je m’accepte. J’apprends à m’aimer et à m’ouvrir aux autres. Je vis ce que je suis.
Et tout en redécouvrant QUI je suis, je me rends compte que le partage, la bienveillance, la communication et l’ouverture font partie intégrante de CE QUE je suis. Je suis née pour accompagner les gens dans leur développement et les aider à devenir ce qu’ils sont.
Pourquoi devenir instructeur? Parce que j’ai envie de transmettre aux autres ce qui m’a été offert: la libération.
Car le Systema est liberté.
Avec le Systema, j’ai découvert une discipline qui, non seulement ouvre le cœur, mais aussi le corps et l’esprit. Et ma plus belle carte de visite, c’est mon expérience…
Quand j’ai commencé, j’avais peur de tout. Peur du regard des autres, de leur toucher, peur de mon propre regard, peur de ne pas bien faire, peur de rater… et la liste est encore longue…
Je me souviens de mes premiers massages… je restais étendue sur le sol pendant de longs moments parce que j’étais complètement ahurie. Toutes ces émotions qui sortaient, toute cette tristesse, toute cette douleur, toute cette honte… Tout ça, expulsé de mon corps par des petits pieds musclés et bienveillants… et de mon esprit par les jeux sociaux, par les exercices au sol, par les échanges avec les autres… ceux-la mêmes qui me faisaient tellement peur encore quelques jours auparavant…
Car le Systema est transformation.
Je pourrais aussi parler de cette faiblesse qui a fait de moi une proie si facile… Elle est aujourd’hui balayée par le travail du coup de poing, de la mise au sol et de tous les autres exercices martiaux qui apportent cet équilibre tant recherché entre douceur et force.
Car le Systema est équilibre.
Je sens monter en moi une énergie et une assurance que je ne me connaissais pas. Cette détermination ressurgit au fil des stages, au fil des cours, grâce à la patience, la pédagogie et la bienveillance de mes instructeurs. Parce que c’est aussi ça le Systema: nous laisser grandir à notre rythme et nous pousser juste ce qu’il faut pour franchir les barrières qu’on pensait insurmontable.
Car le Systema est respect.
Devenir soi même… Y a t-il plus bel objectif que celui-là? Oui peut être… Vouer sa vie à y aider les autres… Et c’est pour cette raison là, que je choisis Global Systema.
J’ai regardé des vidéos du Systema tel qu’il est enseigné dans d’autres clubs, et j’ai discuté avec d’autres qui pratiquent ce même Systema. C’est une belle discipline, sans aucun doute… Mais ce que tu y apportes Jean Marie, c’est une âme…
Au sein de Global Systema, j’ai rencontré bien plus que des instructeurs ou des pratiquants… j’ai rencontré une famille. Et cette famille représente le monde tel que je l’ai toujours rêvé: l’entraide, la bienveillance, l’humilité, l’amour.
La famille… Celle à laquelle je sens que j’appartiens déjà. Depuis le premier jour… ou du moins, la première semaine ;-)
Il y a des choses qui se vivent, d’autres qui se ressentent… Et aujourd’hui je sens que ma place est là, avec vous, au sein de cette belle famille… J’y ai ma place et j’y apporte ce que je suis.
Et pour finir, je dirai qu’on m’a déjà demandé plusieurs fois si je faisais les stages pour toi Jean-Marie, ou pour le Systema… et je réponds ceci:
Tu es Global Systema. Et si chacun de tes instructeurs est là aujourd’hui, c’est parce que TA vision du Systema lui a parlé et que l’âme que tu as su insuffler au Systema est tout aussi vivante que le Systema en lui même. Alors oui, j’ai envie d’appartenir à cette famille car à son contact, je grandis et je sens que j’ai beaucoup à lui apporter. Et je n’ajouterai plus qu’une chose: Choisissez moi! De la même manière que je vous ai choisi: avec le cœur…
(texte écrit en janvier 2017)

2/ « Devenir Soi-même » par Yasmine

La question est : « Voulez-vous devenir vous-même? »
On a tellement l’habitude de vivre coupés de nous-mêmes qu’on ne sait plus ce que c’est que « d’être dedans ». Seul le choix de guérir, peut nous amener à nous libérer. Le chemin est difficile, et il est facile de se fourvoyer, car dans nos blessures, nous nous mentons en permanence.
Or, le changement passe par la compréhension, la prise de conscience de qui l’on est.
Apprenez à vous connaitre, en vérité, en conscience, sans mensonge et sans vous raconter d’histoires. Se regarder en face est un exercice difficile. Vivez ce processus avec patience.
Et puis, donnez-vous de belles choses. Soyez doux, patient et indulgent avec vous-même, chouchoutez vous. Prenez du temps pour vous, faites les choses pour vous, des choses qui vous rendent heureux. Entourez-vous de gens avec qui vous vous sentez bien et qui vous font grandir. L’univers mettra sur votre chemin ces personnes qui vous feront avancer.
C’est le cadeau que je me suis fait car je m’aime et me respecte. Mon évolution s’est faite vers le ressenti, la sensation, la connexion. Et j’ai choisi la voie de la douceur avec moi même car j’avais besoin de douceur, d’équilibre et d’échange. 
Aujourd’hui, pour aller plus loin, vous devez ouvrir votre coeur. Montrez-vous comme vous êtes, sans mensonge et sans rien n’attendre. Bien sûr, en ouvrant votre coeur, vous vous obligerez à tout ressentir. Et ressentant tout, vous passez par certaines épreuves. 
Le deuil en fait partie. 
Cette expérience va vous permettre de mieux comprendre vos peurs et vos blessures et surtout, en vous laissant pleinement vivre vos émotions, de leur enlever un peu de force. Cessez de lutter, laissez les sortir, laissez-les vous submerger, acceptez de les vivre pour vous en libérer. Et ressentez tout ce qui vient,  l’amour, la tristesse, la colère, tout. Ne pas cherchez d’explications. Cela vous conduira au lâcher prise, et le lâcher prise à la liberté.
Aujourd’hui, je sais où je vais et j’y vais de manière certaine et juste. Je ressens tout, c’est incroyable
Nous resterons toujours connectés, peu importe de quelle façon. C’est ça l’amour, l’autre est toujours là. Je serai toujours là pour vous quand vous en aurez besoin. Car s’il y a quelque chose pour laquelle je suis bonne, c’est protéger et unir ma famille et les gens que j’aime. Ça, je sais le faire.

Je suis Yasmine Myriam Tessier Rodier, et je suis.
Entourée et pleinement aimée pour ce que je suis,
j’avance dans la confiance et l’abandon.
Je prends ma place et je m’affirme pleinement.
Mon amour pénètre les coeurs et ma parole touche les consciences.

3/ Accueillir la disparition de Yasmine

Comment accueillir l’imprévu lorsque celui-ci est le deuil d’une personne proche? Comment vivre le « tant mieux » et la gratitude dans de telles circonstances? En quoi la mort peut être la plus grande de toutes les bénédictions humaines comme nous le propose Socrate?
J’ai donc décidé, à travers la mort de Yasmine, d’accueillir la Vie avec gratitude.
MERCI Yasmine d’avoir croisé ma route, d’avoir vécu des moments si merveilleux auprès de toi et d’avoir pu guérir grâce à ton amourette ton soutien inconditionnels, de nombreuses blessures du coeur.
MERCI par ton décès d’avoir rendu mon coeur plus humble, plus ouvert, plus doux, plus à l’écoute, plus vulnérable.
MERCI de m’apprendre chaque jour à vivre le deuil et la solitude  et à découvrir  la paix, la sérénité et la joie dans la profondeur de mon coeur et sans support extérieur.
MERCI à travers la blessure de ton absence d’ouvrir mon coeur et à la fois de me rendre plus fort et plus déterminé à travers cette épreuve de la mort.
MERCI de me faire vivre une expérience inédite et puissante dans laquelle le sens m’échappe, que je ne maitrise pas et à travers laquelle j’expérimente le lâcher prise ultime: la mort à toutes mes attentes et tous mes désirs.
MERCI, à travers le manque quotidien de ta présence, de me donner l’accès à une empathie pleine de tendresse envers ceux qui souffrent et plus particulièrement ceux qui vivent le deuil de leurs proches.
MERCI d’avoir permis avec ton départ, que je puisse rencontrer certain(e)s tes proches, merveilleuses personnes qui t’aimaient, et que je vive avec elles des échanges puissants et profonds.
MERCI de me montrer que la mort ne détruit pas l’amour mais que celui-ci peut subsister et grandir au delà de la disparition physique.
MERCI Yasmine, d’alimenter en moi cette espérance de te retrouver dans l’au-delà et de croire que tu seras là, pour m’accueillir dans cet endroit que je ne connais pas encore.
Que ce décès  soit pour nous l’occasion de mourir à tout ce qui superficiel et nous ouvrir à l’essentiel: la puissance de la gratitude et la connexion à l’autre qui se trouve dans la simultanéité du don et de l’accueil. JM

4/ La parole à ceux qui ont croisé sa route

« Yasmine tu m’as tellement apporté par nos discussions, tu m’as aidé à reprendre confiance en moi. Je suis heureuse d’avoir croisé ton chemin, je t’aime.Merci. »

« Je repense beaucoup aux moments  passé avec Yasmine, le souvenir de son écoute, de sa douceur, de sa bonté, de son sourire, de sa gentillesse, de son ouverture. »

« Merveilleuse est le mot qui me vient à l’esprit lorsque je pense à elle. Elle incarnait une grande sensibilité joie de vivre et simplicité. »

« J’ai eu l’occasion de croiser Yasmine lors de deux séminaires sur Paris, c’est effectivement l’image d’un être rayonnant et plein de vie que je garde. »

« Yasmine, océan de douceur et d’amour, soleil qui vient réchauffer les coeurs et illuminer les visages. Ce cher ange aura laissé de la poudre d’or sur son passage et sa lumière va continuer de scintiller. »

« Yasmine fait partie dèmes plus belles rencontres. de celles qui comptent et ont une odeur d’éternité. Elle me touchait par sa beauté et sa grandeur. »

« Yasmine aimait chacun de nous inconditionellement, avec nos qualités, nos défauts, nos faiblesses, nos blessures et nos fragilités. Ainsi, elle nous aidait à ouvrir notre coeur et à grandir dans la justesse. »

« Un être doté d’une grande sensibilité et de beaucoup d’empathie. Je me souviendrai à jamais de son sourire et de ses câlins. Tant de douceur, d’amour et de joie émanaient d’elle. »

« Yasmine fait partie de ces personnes qui ne peuvent pas simplement traverser une vie en courant, elle est de celles qui se gravent sur une existence. Je me sens gratifiée d’une chance indicible d’avoir pu côtoyer l’immense lumière de son être pendant six petits jours qui m’ont semblé être un éternité. »

« Yasmine, je voudrai dire la merveilleuse lumière que tu as laissé couler sur mon chemin, la chaleur que tu m’as permis de toucher et les mots que tu m’as laissé inventer, trop longtemps oubliés au fond de moi, toutes les portes que tu m’as aidé à ouvrir. Pour cela, je te suis d’une reconnaissance infinie. « 

Profiri Ivanov, un pilier du système de santé russe

Le Systema, art martial russe, comprend deux systèmes inextricablement liés: un système de combat et un système de santé. Le mystique russe Porfiry Ivanov (1898-1983), à la vie étonnante, a été incontestablement une des figures influentes sur le système de santé russe au 20ème siècle, notamment à travers le froid et le jeûne.

Médecin autoproclamé, chercheur et guérisseur, suivi par des dizaines de milliers de disciples, Ivanov a mis fortement l’accent sur la spiritualité universelle et l’amour. Très controversé pour sa doctrine où il est vénéré par ses adeptes comme un dieu vivant. Critiquant le Christ et s’y identifiant à la fois, il choisit 12 disciples parmi ses disciples. Il est considéré par l’Eglise orthodoxe russe comme hérétique.

Il estime qu’une personne ne devrait pas dépendre de médicaments pour guérir son corps des diverses maladies. Au lieu de cela, Porfiri Ivanov propose aux personnes d’assumer la responsabilité de leurs propres maladies, en utilisant la nature (l’air, le corps et le sol) pour y parvenir.

Porfiry Ivanov est l’ainé d’une famille de neuf enfants. Voleur, bagarreur, buveur, fumeur, Porfiry fait plusieurs séjours en prison. Alors qu’il a la trentaine,  on lui diagnostique un cancer. Les médecins qui l’examinent le déclarent incurable et inopérable. Désespéré, Ivanov sort dans le froid, se déshabille et s’allonge dans la neige en attendant la mort. Ce traitement n’ayant d’autre effet que lui redonner de l’énergie, il décide d’accélérer sa mort en se versant plusieurs fois par jour des seaux d’eau glacée sur la tête et le corps.
Très rapidement, son état de santé s’améliore et au bout de quelques mois, son cancer disparaît. Ivanov cesse de se raser, de se couper les cheveux et se met à vivre sans vêtements (en short torse nu) et à marcher pieds nus été comme hiver. Il reste jusqu’à 3H sous l’eau froide et reste jusqu’à deux semaines sans boire ni manger. Il développe un système de pratiques spirituelles de proximité avec la nature fondé sur la conviction qu’il est sain d’enlever ses vêtements à l’extérieur par temps froid. Il préconise également la nage en eau glacée, l’aspersion du corps avec des seaux d’eau froide et le jeûne sec. 
Il aide d’autres personnes à se soigner de tout un tas de maladies. Rapidement, sa notoriété se propage. Très critiqué, il attire de nombreux adeptes et on le vénère comme un saint. 
En 1942, il est arrêté par la Gestapo qui se sert de lui pour faire tout un tas d’expériences. Ils l’enterrent dans la neige, il aspergent son corps nu d’eau glacée  et le promènent en side car durant plusieurs dizaines de kilomètres en plein hiver.
Après la guerre, Ivanov continue à promouvoir son enseignement. Considéré comme dangereux et subversif par les autorités soviétiques, il est emprisonné à diverses reprises en hôpital psychiatrique pour schizophrénie grave. Il y passera au total 12 ans de sa vie avec pour seule contrainte, l’obligation de porter des vêtements chauds. Dans les années 70, considéré par les psychiatres comme incurable, il est définitivement libéré.

Il passe alors son temps à enseigner, soigner et guérir. De plus en plus connu, son village devient un lieu de pèlerinage.
Il met au point sa méthode qu’il appelé « detka » (signifiant bébé) basée sur 12 commandements.

1. Prendre un bain d’eau froide 2 fois par jour (lac, rivière, baignoire, aspersion du corps avec un seau d’eau glacée).
2. Marcher 1 à 2 minutes par jour pieds nus dans la nature (sur l’herbe ou sur la neige).
3. Pas d’alcool, ni cigarette.
4. Jeûner une fois par semaine (sans eau ni nourriture) du vendredi soir au dimanche midi.
5. Une fois par semaine, marchez pieds nus dans la nature, respirez et méditez.
6. Aimez la santé autour de vous.
7. Souhaitez une bonne santé aux autres.
8. Aidez les gens dans le besoin autant que vous le pouvez avec cœur et avec joie. 
9. Surmontez votre cupidité, votre paresse, votre hypocrisie, vos peurs et votre orgueil. Ne parlez pas des gens injustement et ne prenez pas à cœur leurs critiques. 
10. Eloignez de vous les pensées de maladie et de mort.
11. Ne séparez pas la pensée de l’action.
12. Partagez votre expérience avec les autres tout en restant humble.

Le Systema vu par Yasmine

Lettre de motivation pour devenir instructeur au sein de Global Systema (écrite en janv 2017)

J’aimerais pouvoir dire ce que le Systema m’a apporté, depuis les 6 mois que je le pratique.
Tout d’abord et avant tout, il m’a redonné l’espoir.

Lorsque je suis venue au stage de Jard en juillet 2016, cela faisait déjà plusieurs années que je cherchais à rallumer cette petite lumière qui s’était éteinte en moi. Après avoir essayé un nombre incalculable de méthodes, de pratiques et de traitements, je me suis enfin décidée à venir assister à un stage.
Et la magie a opéré… J’ai redécouvert le monde que je croyais perdu de l’humanité.

Et depuis ce jour, mon cœur n’en finit plus de s’ouvrir, et la joie, l’amour et l’acceptation y prennent leur place chaque jour un peu plus. Je me redécouvre et je m’accepte. J’apprends à m’aimer et à m’ouvrir aux autres. Je vis ce que je suis.

Et tout en redécouvrant QUI je suis, je me rends compte que le partage, la bienveillance, la communication et l’ouverture font partie intégrante de CE QUE je suis. Je suis née pour accompagner les gens dans leur développement et les aider à devenir ce qu’ils sont.

Pourquoi devenir instructeur? Parce que j’ai envie de transmettre aux autres ce qui m’a été offert: la libération.
Car le Systema est liberté.

Avec le Systema, j’ai découvert une discipline qui, non seulement ouvre le cœur, mais aussi le corps et l’esprit. Et ma plus belle carte de visite, c’est mon expérience…

Quand j’ai commencé, j’avais peur de tout. Peur du regard des autres, de leur toucher, peur de mon propre regard, peur de ne pas bien faire, peur de rater… et la liste est encore longue…
Je me souviens de mes premiers massages… je restais étendue sur le sol pendant de longs moments parce que j’étais complètement ahurie. Toutes ces émotions qui sortaient, toute cette tristesse, toute cette douleur, toute cette honte… Tout ça, expulsé de mon corps par des petits pieds musclés et bienveillants… et de mon esprit par les jeux sociaux, par les exercices au sol, par les échanges avec les autres… ceux-la mêmes qui me faisaient tellement peur encore quelques jours auparavant…

Car le Systema est transformation.

Je pourrais aussi parler de cette faiblesse qui a fait de moi une proie si facile… Elle est aujourd’hui balayée par le travail du coup de poing, de la mise au sol et de tous les autres exercices martiaux qui apportent cet équilibre tant recherché entre douceur et force.

Car le Systema est équilibre.

Je sens monter en moi une énergie et une assurance que je ne me connaissais pas. Cette détermination ressurgit au fil des stages, au fil des cours, grâce à la patience, la pédagogie et la bienveillance de mes instructeurs. Parce que c’est aussi ça le Systema: nous laisser grandir à notre rythme et nous pousser juste ce qu’il faut pour franchir les barrières qu’on pensait insurmontable.

Car le Systema est respect.

Devenir soi même… Y a t-il plus bel objectif que celui-là? Oui peut être… Vouer sa vie à y aider les autres… Et c’est pour cette raison là, que je choisis Global Systema.
J’ai regardé des vidéos du Systema tel qu’il est enseigné dans d’autres clubs, et j’ai discuté avec d’autres qui pratiquent ce même Systema. C’est une belle discipline, sans aucun doute… Mais ce que tu y apportes Jean Marie, c’est une âme…

Au sein de Global Systema, j’ai rencontré bien plus que des instructeurs ou des pratiquants… j’ai rencontré une famille. Et cette famille représente le monde tel que je l’ai toujours rêvé: l’entraide, la bienveillance, l’humilité, l’amour.
La famille… Celle à laquelle je sens que j’appartiens déjà. Depuis le premier jour… ou du moins, la première semaine ;-)
Il y a des choses qui se vivent, d’autres qui se ressentent… Et aujourd’hui je sens que ma place est là, avec vous, au sein de cette belle famille… J’y ai ma place et j’y apporte ce que je suis.

Et pour finir, je dirai qu’on m’a déjà demandé plusieurs fois si je faisais les stages pour toi Jean-Marie, ou pour le Systema… et je réponds ceci:

Tu es Global Systema. Et si chacun de tes instructeurs est là aujourd’hui, c’est parce que TA vision du Systema lui a parlé et que l’âme que tu as su insuffler au Systema est tout aussi vivante que le Systema en lui même. Alors oui, j’ai envie d’appartenir à cette famille car à son contact, je grandis et je sens que j’ai beaucoup à lui apporter. Et je n’ajouterai plus qu’une chose: Choisissez moi! De la même manière que je vous ai choisi: avec le cœur…

Voir le documentaire qu’elle a souhaité faire sur Global Systema.

Historique du Systema

champ batailleOrigine du Systema
Le Systema est un art martial russe profondément enraciné dans les traditions chrétiennes orthodoxes dont les premières traces remontent au Xème siècle.
Tout au long de son histoire, la Russie a dû faire face à une multitude d’envahisseurs. Chaque agresseur utilisait des types d’armes et des stratégies différentes. Les batailles se déroulaient sur des terrains très variés et les combattants russes, souvent en infériorité numérique, devaient s’adapter à des conditions climatiques rudes, de la rigueur de l’hiver à la chaleur étouffante de l’été. Ils adoptèrent donc un style de combat alliant la force mentale à des tactiques innovantes, performantes et polyvalentes.
chevalier lanceA la fois pratiques et mortelles, celles-ci permettaient d’affronter n’importe quel ennemi dans n’importe quelle situation. Basées sur les réactions instinctives, les forces et les caractéristiques de chacun, elles permettaient un apprentissage rapide. Le style était libre et naturel, sans règle stricte, sans structure rigide, sans limites autres que morales. L’entraînement était aussi conçu pour éviter les blessures, les soigner et comprenait un éventail d’exercices physiques permettant d’améliorer la santé et d’augmenter la force et la vitalité.

Le Systema sous le régime communiste
Lors de l’avènement du communisme en 1917, toutes les traditions nationales furent supprimées. La pratique de ce style de combat fut interdit et sévèrement réprimé. Classé secret défense, il fut adapté aux nouveaux besoins du pouvoir en place et fut réservé à la police secrète, aux Forces Spéciales et aux gardes du corps de Staline, appelés « les Faucons de Staline. »
Durant les 74 années d’existence de l’Union Soviétique, ces Unités d’Elite mirent au point un système qui combinait les aspects les plus efficaces du système russe traditionnel sur les trois niveaux des compétences humaines : le physique, le psychologique et le psychique. Ils développèrent donc d’innombrables frappes, clés, coups de pied et désarmements, en insistant sur la sensibilité kinesthésique et la conscience psychophysiologique au moyen d’exercices biomécaniques. L’approche était basée sur lefonctionnement du corps humain, sa biomécanique et ses réflexes naturels. Il s’agissait d’utiliser un minimum d’énergie pour générer un maximum d’efficacité. Le plus important était surtout de développer des tactiques ne ressemblant en rien à des actions martiales. Lorsqu’elles étaient utilisées, il devait être pratiquement impossible de voir et de comprendre ce qui s’était passé.chevalier neige

Le Systema après la guerre froide
Avec la dissolution de l’URSS en 1991, le Systema redevint accessible à tous. Mikhail Ryabko, colonel chez les Spetsnaz et son élève Vladimir Vasiliev, ancien capitaine de l’armée, revendiquèrent la paternité d’un nouveau style de Systema, moderne et fascinant, enrichi de leurs expériences personnelles et bénéficiant de toute la recherche scientifique qui avait eu lieu autour du combat au corps à corps pendant la guerre froide.
Entraîné par l’un des Faucons de Staline depuis l’âge de 5 ans et engagé dans les force spéciales russes à l’âge de 15 ans, Ryabko n’a pas seulement reçu les secrets du Systema. L’application de ses principes au combat fut son quotidien durant de nombreuses années. Le Systema qu’il enseigne n’est donc pas l’ombre de traditions ancestrales, c’est un art vivant et efficace utilisé encore aujourd’hui par plusieurs troupes d’élite.

Aspects philosophiques du Systema
Le Systema est beaucoup plus qu’un style de combat. L’étude et la pratique de cette discipline développe un système complet de respiration physique et spirituelle qui permet la relaxation et le courage face à toutes les formes d’adversité.
Mikhail Ryabko a l’habitude de dire aux débutants « Sois une bonne personne et le reste viendra à toi ». Le Systema, qui puise ses racines dans la foi chrétienne, est basé sur la croyance que tout ce qui nous arrive, bon ou mauvais, nous permet de savoir qui l’on est et comment se comporter. Cela implique une philosophie de vie basée sur la paix et le respect.
Le but de cette discipline n’est donc pas simplement de se préparer à affronter la violence, c’est aussi de renforcer son mental, d’avoir une meilleure santé, un corps plus souple, d’être plus détendu, de vivre une vie harmonieuse et dans la paix.
Un autre nom du Systema est « poznai sebia » ce qui signifie « Connais toi, toi-même ». Se connaître soi-même, c’est connaître ses forces et ses faiblesses, c’est découvrir les barrières liées à ses propres peurs, c’est mesurer la pleine étendue de ses limites, c’est réaliser à quel point l’on est à la fois fragile et plein d’orgueil. En développant son potentiel physique, psychologique et spirituel, le Systema aide le pratiquant à devenir un être libre et humble, l’humilité étant la qualité ultime développée par la pratique du Systema. L’entraînement permet à chacun de voir son ego, de découvrir ses fragilités et lui apprend comment les vaincre. Une personne humble qui dévoue sa vie à combattre le mal enraciné dans son cœur et qui demande constamment à Dieu de l’aider, recevra en retour de sa persévérance et de son humilité, le don merveilleux de la paix intérieure, de la joie et la gratitude pour tout ce qui lui arrive.
Si l’humilité envahit tout son être, il n’y a plus de place pour l’orgueil, l’agression, la vanité, la cupidité et l’envie. Son esprit est toujours en Dieu. Il peut choisir de combattre pour une noble cause, sans peur, avec calme et courage, en créant toujours le moindre dommage possible à ses adversaires.